dimanche 3 mars 2013

Sainte Vierge parmi les monstres

Au début des temps, il y a eu, l’icône angélique aux croyances tumeurs, plombé dans l’ail depuis son plus jeune âge par des conneries qui lui octroyaient le droit de ne profiter en rien de ce que son âge l’aurait permis. Il n’était pas bien beau, un peu naïf, beaucoup trop d’ailleurs, mais j’avais déjà dans l’idée qu’il fallait que j’en profite, que ce temps là finirait du jour au lendemain par me manquer, et… Je ne me trompe jamais.
Je m’étais déjà oublié depuis un moment, tentais, du moins, de le faire et je me retrouvais seule. Mais pas assez.
Puis un jour, ça me tombe dessus, l’oubli de moi-même au profit d’un autre qui était l’opposé du candide et dont je ne voyais pas les veines tentatives pour me rendre belle, comme dans ses yeux, et j’ai simplement fini par me dégoûter de lui, comme s’il avait fini par s’imprégner de mon visage en éponge, et que je regardais le grossier reflet de ce que j’étais mais n’aimais. Je n’ai jamais été prête à partager ma solitude.

Peut être un an plus tard, je suis morte. Il y a eu ce lui, qui au fond en adversaire, à su être la preuve que je pouvais être enterrée vivante sans me confondre à la terre battue. J’ai été fondue dans sa chair, forgée par les coups de ses côtes et c’est l’hémorragie qui a m’a vaincue. J’avais eu le désire de n’être rien et à force de me persuader que je n’existais pas, j’ai fini par devenir personne. Et sous son corps, j’ai été toutes les filles inaccessibles, toutes celles qui ont sûrement réussi à partir. Je me suis oubliée, j’ai du oublier de me sauver.
Mais maintenant, j’essaie de me convaincre que tout… n’est pas si sale.

La chute en enfer n’a été rien.
Des hommes sans visage se sont succédés. De pathétiques vengeances à ma mémoire défectueuse. Et j’ai collé le visage que j’ai en horreur sur chaque face d’inconnus que je n’ai plus voulu connaître comme dans la bible.
Mais je m’étais déjà mutée, passant d’enfant à femme déchue, en pseudo icône d’inaccessibilité, dévoilant souvent malgré moi les trous déchirés par lesquels quelques démons se sont immiscés cohabitant ensemble dans mes instincts, dans mes intestins en remparts à toute illusion amoureuse. Et vomir n’a jamais réussi à les en déloger.
Et pourtant, le visage n’est plus qu’un voile flou sur la bonté de certains. Il n’a servi qu’à pervertir mes sensations. Plus qu’un voile sur mon palet, aliénant les saveurs d’autres pêchés
« Pseudo icône inaccessible», sainte vierge parmi les monstres. La faille est que je fume pour me rappeler que même le saint est chaque jour soumis à se propre destruction. Je reste celle qui n’obtient que le rôle principal d’héroïnes de mauvais mélodrames.

vendredi 22 février 2013

Article 10 : Hard Candy

Il ne fallait pas croire en cette fille qui collait son sexe en
alternance avec ses seins contre vous, encore toute habillée dans ce
bar bondé. Elle vous avait murmuré qu'elle avait envie de vous avec
cette voix fluette mais ça ne vous a pas choqué. Qu'elle ne sache pas
si prendre non plus. Qu'elle se contente de rester sur le dos. Alors
que vous aviez vu, caressé, léché et même sucé son corps nu, vous
n'avez pas été choqué un seul instant qu'elle se cache à la lumière de
vos yeux, malgré que vous aviez pensé que cela "est ridicule, qu'elle
n'a plus douze ans". Son corps frêle de pucelle, ses gestes saccadés,
sa façon de demander constamment si elle s'y prenait bien ne vous ont
pas mis la puce à l'oreille. Et bien n'écoutez plus votre bite. Mais
ça, vous ne pouviez savoir. Il fallait écouter votre conscience et
cette petite voix qui vous hurlait de ne pas la toucher et non vos
pulsions de mâle en rut. Ne pensez plus avec votre bite. Mais vous ne
vous étiez jamais méfié des vertus du fond de teint et de l'eye liner
qui font passer une fillette de quatorze ans pour une femme de dix ans
son ainée. Et voilà pourtant que son père vous traite de pédophile,
affirme que dix milles euros sont le prix de la virginité bafouée de
sa fille. Et voilà maintenant ce taulard qui ballade sa main
dans votre pantalon en vous promettant que vous n'aurez pas mal et le
voilà , clamant qu'il n'est pas gay, non, qu'il n'est pas gay, qu'il
vous enfonce son sexe dans l'anus en pensant à sa femme. Mais vous
finirez par ne plus avoir mal, non, ne plus avoir mal. Celle là même
qui ne l'attend plus et qui, à peine les barreaux refermés sur son
tendre époux, baisait déjà avec tous les piliers de comptoirs trop
ivres pour constater que cette femme n'en ai déjà plus une, rongée de
pares et d'autres de rides malgré ses grands airs de salopes et du
maquillage en couches opaques qui simulent un semblant de jeunesse.
Et vous y penserez aussi à la longue, à sa femme, qui vous semblera
plus attirante que les bagnards. Vous penserez à son
caleçon léopard, trop moulant pour mettre en valeur quoi que ce soit,
que vous lui enlèverez rapidement pour ôter de votre vue ces immondes
bourrelets déguisés noyant son corps jadis svelte. Et vous fermerez vos
yeux, avec votre main dessus pour être sûr qu'une curiosité malsaine
ne vous poussera pas à ouvrir les yeux pendant que vous la pénétrez et
vous imaginez un plat tiède et flasque dans lequel vous vous immiscez.
Mais ce n'est que votre main. Et ne croyez pas que vous pourrez
imaginer pareil subterfuge mental quand ce sera un autre cantonnier
qui pensera à sa femme pendant qu'il vous confond avec elle. Mais ne
vous inquiétiez pas, vous finirez par ne plus avoir mal, non, ne plus
avoir mal.

jeudi 21 février 2013

DARLING, YOU'RE THE PUNISHMENT FOR ALL MY FORMER SINS.


Article 9 : Silence religieux

C’était la fille sainteté aux doigts immaculés de blanc, qui se penchait sur ses sentiments vides de carcasses d’anges.

Elle s’était dévorée les doigts, mille fois dévorée les doigts sans trop y toucher afin d’éviter qu’on ne la confonde en divine.
Son épanchement sanguin aurait pu la noyer, elle aurait préféré d’ailleurs, plutôt que de s'étouffer, encore, en tournant cette fois la langue dans sa bouche gouffre qui voulait dévorer le monde.

Elle se rêvait en cauchemars sans imaginer qu’on la touche, qu’on puisse pénétrer entre des cuisses écartées comme rentrent dans une église à la profondeur miroir d’écho tous les paumés, les repentis, les prêtres pédophiles, les demandeurs d’asile et tous ceux qui auraient cherché la foi sur son corps bible.
Sur ce dernier était placardé un « défense d’entrer » comme sur les portes condamnées.

Elle n’avait eu Dieu jusque là que pour les démens assagis au regard muet et aux lèvres suturées.
Elle se demanda s’il faisait plus chaud en enfer, de quoi la réchauffer.

Elle déposa alors son cœur de pierre comme première brique d’un édifice sculptural. Ses chairs devinrent paroisse, sa cage thoracique un isoloir dans lequel se repentir de ses déboires.

Elle croyait à la con fesse ion,

et s'offrit Cathédrale

aux premiers trottoirs,

aux premières prières de don de soi.

Article 8

Autour de moi, les beautés me font tourner la tête
Si rapidement que je crains m'écrouler
A chaque fois que mes yeux entrenperçoivent
les couleurs chaleureuses, les peintures, les sculptures
et que mon coeur s'amourage des images.

Cerveau enivré,
Oeillades bousculées.
Plus rien en mon corps ne pourrait palpiter d'avantage.
Et je sens bien que je pourrais en crever.

A chacun de mes voyages,
les vertiges dorés épuisent ma vie.

Je sens que je vais tomber,
Au carrefour de cette folie gracieuse,
dans l'intemporalité dont nous faisons état,
Là où il n'y a ni homme ni animal,
Là où la beauté n'a ni bras, ni jambe, ni corps
seulement des yeux.

Là où il ne restera seulement
que les esclaves de cette symphonie
de sirènes peintes en sourdine,
qui nous piétineront le coeur,
bouleverseront nos artères
et nous soumettront à les aimer sans vergogne.

Autour de nous, l'enfer des chimères aux poisons rétiniens...
Et quelle belle mort se dessine alors.
Rien ne sert de vivre sans euphorie.
Tout me clair-obscure les idées.

Article 6 : Si, Si, Si, mes mains sont tombées

à Sal



Errer dans un corps.
Y défier les tumeurs.
Un ricanement dans les artères.
Au milieu des sentiments, des souvenirs, des amants exténués,

Je mélange
Tout

Cinq femmes alignées .
Objets de désirs.
Et chaque jour cette caresse qui manque à leur coeur.
Je ris doucement de toi.
Au commencement de l'histoire,

Je mélange
Tout

Admettre qu’on vit une amourette insignifiante.
A peine exhaltante.
Nos confrontations ne sont pas assez violentes !
Pas assez de cette saine hostilité.
Assez de ces gémissements !
Dans la continuité de ton corps,

Je mélange
Tout

Devant un miroir, mon regard parle enfin le même langage que sous ton poids.
Ecrase-moi.
Je ris doucement de toi.
Hier, c’était peut-être tes gestes saccadés.
Aujourd’hui, probablement nos lèvres suturées.
Demain sans doute aucun écoulement de sperme à l’entre-jambe.
Sur tes chairs bondées,

Je mélange
Tout

Errer dans ton coeur.
Y chasser tes souvenirs comme on chasse le fauve.
Les tuer !
Ris-je encore doucement de toi ?
Les écraser chaque fois qu’ils tentent de se jeter du haut de ma mémoire
Ris je ?
Baiser une dernière fois.
Ris-je ?
Dans l'émotion,

Je mélange
Tout

Article 7 : Memento

j'ai bien peur d'en arriver à la conclusion suivante: mes souvenirs s'évaporent. Bien plus rapidement avant qu'ils n'aient le temps de s'incruster en moi. Résonnent en moi les interrogations de l'espace et du temps. "Connais-je ce lieu?" ; "Suis -je déjà venue ici?" "Ai-je déjà vu ce visage?" ; Pis, "M'en souviendrais-je encore?"
Alors je cligne des yeux très fort, plus fort chaque jour, afin imprégner dans mes rétines les images qui parcourent ma vue.

Je deviens terrifiée, sur le moment et répète les courbes que je perçois. Je repasse en boucles constantes les scènes de vie, les séquences de mots qui résonnent et que je voudrais immuables. Je n'ai même pas le plaisir de découvrir, voire de redécouvrir, car tout est devenu l'ombre d'une angoisse latente : Tout se gâche: "Connais-je ce lieu?" "Suis -je déjà venue ici?" "Ai-je déja vu ce visage?" ; Pis, "M'en souviendrais-je, une fois sortie de la ronde de l'instant présent? ".
Même mes souvenirs acquis ne sont qu'illusions ; d'abord la couleur d'un t shirt qui varie, puis la position d'une main, ensuite une posture. Et les mots, tous ces mots qui ne s'impriment pas, ne s'impriment plus, s'évadent de mon cerveau, coulent entre mes doigts pour s'étaler avant qu'il ne soit trop tard sur un bout de papier. J'aimerais figer le temps, je cours sans cesse après ma mémoire.

Et le pire, c'est que je n'en suis pas certaine. Je ne m'en souviens pas. J'extrapôle, j'innonde de mes peurs un peu tout ce qui se tient en moi.

Et ce visage qui devient si fade, que je n'arrive pas à garder intact ainsi que tout ce que nous avons vécu ensemble... Et son sourire, garder son sourire ancré dans ma tête. Mais il n'y a déjà plus rien.
Même son odeur, je ne m'en souviens plus vraiment. Son parfum, je l'ai noté quelque part, mais dénué de tout mélange, il n'éveille plus rien en moi. Qu'un vide, un creux béant que plus rien ne comble.

Plus grand chose.
Je perds tout.

Il me reste quoi alors?
Qu'une brève impression corporelle, comme un spectre de lumière sur une pellicule à découvert.

Vais-je subir les dérives du temps encore longtemps? Il m'inclut dans ses déboires.

Comment voudriez-vous que je sache qui je suis et que je m'expose crue à vos yeux, alors que je ne suis pas grand chose puisque j'ai tout oublié et qu'à chaque instant je m'oublie un peu plus?